Aujourd’hui encore, les Derniers Humains expiaient la démesure de leurs ancêtres. Ils avaient dû fuir le monde d’avant, ravagé par les pluies acides, les incendies titanesques et les canicules mortelles. Rescapés venus de tous les horizons, ils s’étaient fondus au fil des générations en un seul peuple métissé, parlant une seule langue : le parler commun, hybride bancal de tous les idiomes. Ils s’étaient réfugiés sur les Dernières Terres : un archipel surgi des glaces, tout en haut des cartes. Presque rien ne poussait sur leurs flancs caillouteux, qui avaient été écrasés sous d’immenses glaciers pendant des millions d’années, avant que le réchauffement universel les change soudain en plateaux gris et arides, aux contours déchirés de fjords.
L’océan tiède, en revanche, était envahi de plantes qui n’avaient pas besoin d’être semées : les algues venaient du large, chaque jour plus nombreuses. Elles avaient depuis longtemps recouvert toute la mer d’un tapis olivâtre et putride, sous lequel blanchissaient les os des animaux marins. La cité natale d’Astréa leur devait son nom – Viridienne, la ville viride, la rade verte régnant sur l’extrême sud de la terre Occidentale : l’île la plus vaste de l’archipel.
(Extrait d’EXTINCTA)